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Iran :

Une guerre d'influence

La république islamique d’Iran est une nation islamique complètement différente de la nation islamique d’Arabie Saoudite. La religion islamique en Iran est le Chiisme qui s’oppose à l’islam Sunnite d’Arabie Saoudite et de la majeure partie des musulmans du monde.

L’Iran est le seul pays du Moyen-Orient à ne jamais avoir été colonisé par l’Europe. En 1905 la Révolution constitutionnelle persane mène à la création du parlement Iranien en 1911. Mais en 1951 les services secrets britanniques et américains opèrent un coup d’état en plein contexte de guerre froide. Cela réussit et Mohamad Reza Shah Pahlavi devient le « Chah » et instaure un régime autocratique et dictatorial. L’Iran est alors du côté Américain. Mais en 1963 des émeutes à mouvances Marxistes, libertaires, libérales, anarchistes, religieuses et laïques éclatent un peu partout dans le pays. Une figure emblématique se détache de ce mouvement de contestation, l'ayatollah Rouhollah Khomeini, exilé en France, qui aide au renversement du pouvoir du Chah grâce à ses milices armées « les Gardiens de la Révolution » qui rétablissent l’ordre dans le pays par la suite.

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Mohammad Reza Chah Pahlavi

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Rouhollah Khomeini

Le 1er Avril 1979 est instauré « La république islamique d’Iran » à la suite d’un référendum avec Khomeini à sa tête en tant que « Guide Suprême ». C’est la branche Chiite de l’islam qui devient la religion d’état.

Uune vague anti-américaine monte dans le pays et provoque de nombreux conflits comme la prise d’otages dans l’ambassade américaine de Téhéran en novembre 1979. L’Amérique répond par de lourdes sanctions économiques et fournit des armes à l’Irak qui veut récupérer les champs pétrolifères iraniens afin d’isoler l’Iran.

Le 3 juin 1989, à la mort de  Khomeini, Ali Khamenei est élu Guide suprême de la révolution. La constitution est modifié avec l’apparition d’un président à la tête de l’Etat sous directive du Guide Suprême. En 2005, Mahmoud Ahmadinejad est élu à son tour président et fait du programme nucléaire Iranien son fer de lance afin de remettre l’Iran sur un pied d’égalité avec les grandes nations par l’acquisition de l’arme nucléaire.

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Ali Khamenei - Guide suprême de la révolution

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Mahmoud Ahmadinejad - Président de la République Islamique d' Iran 

L’Iran est un des plus grands pays du Moyen-Orient et possède une place relativement stratégique. En effet, la grande majorité des exploitations d’hydrocarbure du Moyen-Orient se situent autour du Golfe Persique. Or l’Iran controle le Détroit d’Ormuz qui est la seule sortie du Golfe Persique par bateau.

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L’Iran possède également la plus grande réserve de gaz naturel du continent et de grandes réserves régionales d’eau, relativement stratégiques dans les contrées arides comme peuvent l’être celles du Moyen-Orient. La république islamique fait également le lien entre la Mer Caspienne et le Golfe Persique qui est d’un intérêt considérable pour la Russie qui voudrai avoir rapidement un accès à l’Océan Indien.

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Carte des ressources autour du Golfe Persique

Légendes :

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Exploitation d'Hydrocarbure (Pétrole, Gaz) 

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Réserve en eau (source, lac, glaciers, plan d'eau,..)

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Exploitation ou extraction d'Uranium (mine, central, ...)

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Extraction ou gisement de Cuivre (mines, gisements non exploité, ...)

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Port d'exportations d'hydrocarbures

C’est pourquoi la politique de l’Iran est forcément tournée vers l’extérieur car ce pays, de confession Chiite est relativement isolé dans le monde islamique Sunnite qui l’entoure.

Le Moyen Orient est divisé en 3 grands courants religieux :

  • Les Chiites, présents principalement en Iran, en Irak, en Turquie, un peu en Arabie Saoudite (côte Persique) et au Yémen.

  • Les Sunnites, présents dans la majeure partie des pays musulman notamment en Arabie Saoudite, qui entourent complètement les territoires Chiites.

  • Enfin les Kurdes, qui sont principalement en Turquie, Syrie, Irak, Iran, Arménie, Géorgie et un peu aux Turkménistan. 

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Carte de la répartition des Chiites et des Sunnites au Moyen-Orient

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Carte de la répartition des Kurdes ( en bleu) sur celle des Chiites et des Sunnites au Moyen-Orient

Les principaux lieux saints de l’Islam sont en Arabie Saoudite ce qui est un problème pour l’Iran car il y a une vraie animosité entre Iran et Arabie Saoudite sur prétexte religieux mais aussi pour des questions d’influence du monde musulman car l’Iran et l’Arabie-Saoudite sont les deux grands pays de la région des lieux saint de l’islam et veulent tous les deux être la figure de proue du monde islamique. Il y a aussi un fond de conflit ethnique car les Iraniens sont plutôt Perses alors que les Saoudiens sont majoritairement Arabes. Mais le pouvoir est certainement le fond du problème.

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Carte de la répartition des différentes ethnies en Iran

Ces deux pays sont de gros exportateurs de ressources, surtout pétrolières, et ont une place géostratégique mondiale très avantageuse. En effet, l’Iran contrôle le détroit d’Ormuz qui est le « point de passage » obligatoire pour les plus gros exportateurs mondiaux de pétrole que sont l’Irak, le Koweït, La côte Est de l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, le Qatar, les Emirats Arabes Unis, l’Oman et l’Iran lui-même. L’Arabie Saoudite quant à elle contrôle (plus ou moins) le Golfe d’Aden et la Mer Rouge qui permet au monde entier de faire un lien rapide entre Europe et Asie par bateaux, grâce au canal de Suez.

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Carte des points commerciaux stratégique du Moyen-Orient

L’Iran est donc actuellement dépendant de l’Arabie Saoudite et inversement.

Pour s’affranchir de cette dépendance, la république islamique a donc placé ses pions sur l’échiquier du Moyen-Orient.

Premièrement, la facilité : Soutenir les Chiites.

L’Iran soutient le Hezbollah, groupe armé classé comme terroriste par la communauté internationale et implanté au Liban. Ce groupe armé fut fondé à la suite de « l’intervention » militaire israélienne au Liban en 1982. Il est considéré comme le « Djihadisme Chiite ». Au début, selon un rapport déclassifié de la CIA “Iranian Support for International Terrorism”, l’Iran soutient le Hezbollah pour avoir un contrôle sur ce qui se passe au Liban, pays ayant une côte sur la Méditerranée. Mais selon ce rapport de la CIA ce n’est pas le simple facteur. Téhéran veut également « exporter » sa révolution islamique dans tout le monde arabe. Le soutien de la lutte contre Israël est un moyen peu coûteux et efficace pour asseoir sa crédibilité dans le monde Islamique.

Ensuite l’Iran soutient les communautés et groupes rebelles Chiites en Irak ainsi que Bachar (de confession Alaouite donc Chiite) en Syrie. L’Iran a donc un « couloir » tracé jusqu’à la Méditerranée. Ce qui, à terme, lui éviterai de passer par le Golfe d’Aden, la Mer rouge et le canal de Suez et donc de dépendre de l’Arabie Saoudite.

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Carte géopolitique de l'Iran et ses alliés

Mais l’Arabie Saoudite ne compte pas se laisser faire et tourne, elle aussi sa politique vers l’extérieur.

Pour contrer l’Iran, Riyad soutient l’état libanais dans la lutte contre le Hezbollah. Elle soutient également le Djihadisme Sunnite comme Deach en Syrie. Elle voudrait également créer des relations avec le gouvernement irakien car l’Irak possède une grosse communauté Sunnite. Mohammed Ben Salmane (actuel dirigeant de l’Arabie Saoudite) entretient de bonnes relations avec l’Egypte qui contrôle le détroit de Suez, la Jordanie qui fait état tampon entre Arabie Saoudite et Israël. Mais de manière plus franche avec les petits états pétroliers du Golfe Persique qui s’inquiètent du contrôle du Détroit d’Ormuz par l’Iran.

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Carte géopolitique de la politique extérieur de l'Iran et l'Arabie Saoudite 

Bien évidemment, Cette communauté Sunnite voudrait aussi s’affranchir de la dépendance avec l’Iran. C’est pourquoi le Yémen est venu cristalliser cette guerre de l’influence. Depuis 2015 la communauté Houthis, marginalisée depuis longtemps par le pouvoir de Hadi (Gouvernement du Yémen), a commencé une révolte armée dans le pays. Les Houthis étant Chiites il était évident pour la république islamique d’Iran de les soutenir. De plus, cela met à mal le projet d’Oléoduc de l’Arabie Saoudite entre les régions saoudiennes du Golfe Persique et le Golfe d’Aden. Oléoduc qui  éviterai le Détroit d’Ormuz et l’Iran.

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AQAP : Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique

carte du conflit Yéménite

Un fond de guerre froide :

Les Etats Unis depuis le renversement du Shah et l'affaire des otages  sont en rupture diplomatique avec l’Iran, surtout à cause de la proximité entre l’Iran et la Russie. Ils voudraient également éviter le Détroit d’Ormuz pour leurs importations de pétrole. Les Etats Unis ont donc naturellement créés des liens forts avec l’Arabie Saoudite qui, de plus, s’est montré incapable d’assurer la sécurité de ses tanckers dans le détroit. Il faut dire que l’Iran en profite bien. En effet, Téhéran organise des attaques et des sabotages de cargos dans le détroit via des « pirates » (qui sont en fait des commandos d’élite des Gardiens de la Révolution) afin d’imposer son statut de « Gendarme » du Golfe Persique et par conséquent contrôler le Détroit d’Ormuz.

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Forces spéciale Al-Qods

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Vedettes  militaires Iranienne  sur le détroit d'Ormuz

L’Amérique a répliqué il y a peu par l’élimination du général Soleimani, numéro 2 du régime Iranien et commandent de Al-Qods (branche d’élite des Gardiens de la Révolution).  

Mais lorsque l’Amérique s’engage dans un conflit... la Russie n’est jamais très loin.

La Russie soutient l’Iran car c’est sa porte d’accès entre la mer Caspienne et la mer d’Oman. Elle soutient la république islamique principalement par la vente d’armes et le soutient militaire en Syrie contre Daech, la Coalition et la Turquie.

La Chine joue un double jeu, elle fournit également des armes à l’Iran pour sécuriser ses cargos de pétrole mais également pour appuyer sa coopération avec la Russie, notamment pour son futur projet des nouvelles routes de la soie.  

Or, la Chine vend également des armes, en moindre quantité, à l’Arabie Saoudite ce qui lui permet de s’engager sans vraiment prendre position et garder sa réputation de « Business avant tout ».

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Drones Chinois VTOL qui intéresse l'Arabie Saoudite

En conclusion on peut voir que l’Iran n’hésite pas à soutenir des groupes classés terroristes si cela lui permet de servir ses intérêts, selon l'analyse du rapport de la CIA. Mais ce rapport est à prendre avec des pincettes car les rapports que la CIA déclassifie ne servent souvent que la  communication des USA. La CIA accuse l’Iran de se servir des groupes terroristes pour étendre son influence et imposer son contrôle sur la région. Ce qu'elle fait d'ailleurs avec succès. Donc il ressort de ce rapport que les Etats Unis ont intérêt à prendre la même voie  puisque cela fonctionne. Le soutien franc des USA à l’Arabie Saoudite le prouve car le monde entier sait que les groupes Djihadistes Sunnites comme Daech sont financés par Riyad. Le royaume Saoud est lui même un état islamique appliquant la charia. La guerre contre le terrorisme est donc une extension de la guerre froide entre les USA et la Russie dans laquellel la Chine voudrait également placer ses pions.   

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