En 2011 un mouvement de contestation sans précédent jaillit dans le monde Arabo-musulman que l’on nommera rapidement « Les printemps Arabes ». Certaines monarchies ou républiques autoritaires sont mises à mal, voire renversées comme c’est le cas en Libye avec la chute du dictateur Kadafi.
Turquie :
La tête qui tourne
Publié le 29/05/2020
La Turquie est le pays qui fait le lien entre l’Orient et l’Occident. Pour comprendre sa géopolitique il faut avant tout comprendre la situation interne de ce pays qui autrefois était le centre du grand Empire Ottoman.
Commençons par sa situation géographique.
​
Pays à la fois montagneux dans les terres et côtier sur les ¾ de ses frontières. Ses atouts sont ses réserves d’eaux issues de ses nombreux glaciers et lacs de montagne, ainsi que sa position stratégique. En effet la Turquie est considérée comme le château d’eau du Moyen-Orient. Son économie est essentiellement touristique et commerciale car elle possède beaucoup de ports marchands relativement stratégiques pour la région. La Turquie fait le lien entre Mer Noire et Mer Méditerranée en passant par la mer Egée. Elle est également le lien terrestre entre le Moyen-Orient et l’Europe via les détroits de la Mer de Marmara. En revanche elle est également très dépendante de ses voisins comme la Russie pour le Gaz et l’Iran pour le pétrole.

Sa position dans les relations internationales est complexe car elle applique une politique de « zéro conflit avec ses voisins » mais cela a surtout pour conséquence de n’avoir aucun véritable allié. Cette politique est principalement le fruit de son identité officiellement nationaliste mais très éclectique en réalité.
C’est l’histoire de la Turquie qui permet de comprendre cela :
​
En premier lieu le territoire Turc a toujours été un melting-pot ethnique et religieux par son statut, durant les siècles, de carrefour commerciale mondial.
-
2000 ans avant J.-C. l’actuel territoire turc est sous domination des Hittites, peuple indo-européen.

Découverte d’une statue funéraire . Fouille du site de Tell Halaf.• Crédits : © Fondation Max F. von Oppenheim / R-W Wirtschaftsarchiv, Cologne.
-
Puis les Grecs s’y installent dans l’Ouest au premier millénaire avant J.-C. dans ce qu’ils appellent l’Asie Mineure ou Anatolie bien après la guerre de Troie.
-
Ce sera par la suite un territoire disputé par l’Empire Perse puis conquit par le Macédonien Alexandre Le Grand.

Mosaïque d'Alexandre le Grand, II° siècle av.-J.C.
Musée National de Naples

Lions ailés androcéphales. Empire perse Achéménide.
Suse (550 av. J-C).
Musée du Louvre.
-
Les Romains s’y installent ensuite pour en faire à partir de l’an 395, le centre de l’Empire Romain d’Orient (lors de la séparation de l’empire romain en deux). L’actuelle Istanbul est nommée à l’époque Byzance par les Grecs puis renommée Constantinople en 330 apr. J.-C. en l’honneur de l’empereur Romain Constantin 1er. Cet empire gréco-romain est alors appelé l’empire Byzantin en référence à l’ancien nom de la ville centrale. Lorsque le christianisme se développe il est très rapidement adopté par cet empire d’Orient. L’empereur Constantin fait d’ailleurs construire la basilique Sainte-Sophie à Constantinople en 330 apr. J.-C. En revanche, le christianisme byzantin est très différent du christianisme occidental car il utilise notamment les langues grecques puis slaves.

Mosaïques de l'entrée sud-ouest de Sainte-Sophie (Istanbul, Turquie)
-
Alors qualifié de christianisme Orthodoxe, il se sépare de Rome en 1054, et sera dirigé par l’Empereur puis Patriarche de Constantinople.
-
Mais il y a également d’autres religions sur le territoire comme les Arméniens qui ont leur propre église, les Kurdes qui sont musulmans, sunnites principalement mais également chiites.
-
A la suite de l’expansion de l’Islam dans le Moyen-Orient, Constantinople devient un objectif du « Djihad » pour les cavaliers.
-
Au X° siècle les peuples Turcs, venant essentiellement de Mongolie, étaient les mercenaires du califat abbasside (sunnite).
-
Les Seldjoukides, Turcs oghouz, fondent un Empire qui est rapidement détruit par l’arrivée de Gengis Khan et son Empire Mongol.

Cavalier lourd ghulam seldjoukide et fantassin Seldjoukides

Statue de Gengis Khan au Parlement de Mongolie
-
En 1299 le sultan oghouz Osman 1er conquiert Mocadène, grande ville de l’empire Byzantin, et fonde l’empire Ottoman qui atteindra son apogée au XIV° siècle sous Soliman le Magnifique. Beaucoup de non-musulmans se convertissent pour ne pas payer l’impôt sur les non-musulmans.

Empire Ottoman au 16° - 17° siècle
-
L’empire Ottoman se réduira par la suite au profit des Anglais et des Français durant la colonisation jusqu’en 1920 où le traité de Sèvre partage ce qui reste de l’empire Ottoman. Ce traité prévoit un Kurdistan, l’Arménie, la Syrie, l’Irak, Israël, Liban, Jordanie et donne la partie de la Thrace orientale et les régions de la Mer Egée à la Grèce. Le traité prévoit également une « zone d’influence » Franco-Anglaise sur tout le Sud côtier de la Turquie. En 300 ans l’Empire Ottoman a été réduit au 1/12 de sa surface.
En effet, lors de la première guerre mondiale, l’empire Ottoman prend position au côté de l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie et donc contre les Alliés. Cette guerre épuisera toutes les ressources de l’Empire Ottoman, dirigé par le Sultan Mehmed VI. Sur la fin, le Sultan par son statut de Calife de l’islam, appelle au Djihad contre les Britanniques qui prennent de plus en plus de territoire à l’Empire en remontant vers l’actuelle Turquie. Or, Thomas Edward Lawrence que l’on connait sous le nom de « Lawrence d’Arabie », officier de liaison britannique durant la première guerre mondiale convainc la péninsule Arabique de se révolter contre l’Empire Ottoman et son Sultan pour proclamer leur indépendance.

T.E.Lawrence alias "Lawrence d'Arabie"
Photographie par Lowell Thomas, 1919

Livre "Les sept piliers de la sagesse" écrit par Thomas Edward Lawrence sur son séjour dans la péninsule Arabique
L’Empire s’avoue vaincu en 1920 pendant la retraite de ses troupes sur le front Syrien. Le Sultan signe le traité de Sèvre le 10 octobre 1920.
Mais un ancien commandant en chef des forces turques de l’armée Ottomane, Mustafa Kemal, estime que la signature de ce traité est une trahison. Il rejoint alors une révolte en cours dans les territoires fraîchement donnés à la Grèce. Nombre de hauts fonctionnaires et officiers se rallient à sa cause et le Sultan perd petit à petit de sa légitimité.

Mustafa Kamal alias "AtaTürk"
Ph. Rol / Coll. Archives Larousse
Les Alliés se voient contraint de traiter à présent avec ce Mustafa Kemal qui a déjà une vision claire sur l’avenir de son pays. Il plait aux occidentaux par sa vision de la Turquie. Il porte une admiration particulière à la révolution française et pense que l’Islam dans la vie citoyenne est un frein au développement.
Depuis le début il veut venger l’humiliation du traité de Sèvre. Il signe alors un contre traité à Lausanne en juillet 1923 qui reconnait le régime de Mustafa Kemal à Ankara. Le nouveau président Turc reconnait l’indépendance de Chypre, la Syrie, l’Irak, la Palestine, la Jordanie et la péninsule Arabique mais en échange les Alliés renoncent à l’indépendance du Kurdistan et de l’Arménie auparavant prévue dans le traité de Sèvre.

Le 29 octobre 1923, Mustafa Kemal est élu président et fonde la République de Turquie.
Une république oui mais pas une démocratie. La République de Turquie s’appuie sur les mentalités de l’empire Ottoman. Tout comme l’empire, elle « tolère » les minorités ethniques mais ne leur accorde pas les mêmes droits que la majorité Turque. C’est une tolérance par domination ethnique.
Le génocide Arménien en est le principal exemple. Depuis 1878, les Arméniens de l’Empire Ottoman réclame plus d’égalité car ils n’ont pas les mêmes droits que les communautés musulmanes. L’empire s’engage alors à mettre en place des améliorations et des réformes dans un contexte d’indépendances des Balkans (Anciennement compris dans l’Empire Ottoman) pour ne pas avoir à faire face à une nouvelle revendication indépendantiste. Or les réformes ne sont jamais appliquées, les Arméniens continuent d’être considérés inférieurs par les musulmans et régulièrement battus ou humiliés en public. Début XXe siècle, les Arméniens commencent à former des petits groupes à tendance révolutionnaire. Le gouvernement Ottoman en 1915 donne l’ordre des premières arrestations d’intellectuels Arméniens. C’est le début des rafles, déportations dans des camps, massacres, réductions en esclavage des Arméniens qui ont pour but d’éliminer la minorité ethnique. On estime le génocide des Arméniens à environ 77% de leur population soit près de 1 617 200 Arméniens toujours portés disparus. Beaucoup de grandes dynasties Turques ont spolié les Arméniens de leurs biens. La Turquie ne reconnait toujours pas ce génocide en partant principalement du fait que la Turquie n’est pas l’Empire Ottoman et que, depuis l’élection d’Atatürk (Mustafa Kemal) tous les habitants de Turquie sont Turcs.
Les Kurdes ont été enrôlés de force pour participer à ce génocide.
Mustafa Kemal abolit le califat, qui est détenu par les sultans ottomans depuis l'incorporation de l'Égypte à l'Empire ottoman en 1517, le 3 mars 1924. Le même jour, les membres de la maison ottomane sont déchus de la nationalité turque et expulsés du pays.
Mustafa Kemal considère le port du fez, que le sultan Mahmoud II avait érigé en code vestimentaire de l'Empire ottoman en 1826, comme un symbole féodal et finit par l'interdire aux Turcs qui sont incités à porter des chapeaux. Il demande aux Turcs d'adopter aussi le code vestimentaire européen. Mustafa Kemal n'interdit pas le port du hijab, craignant une guerre civile, mais son port est interdit aux fonctionnaires, et il est fortement déconseillé dans la vie publique. Il interdit également les musiques et les danses orientales. Et à partir de 1934, la radio n'émet plus que de la musique occidentale. Il favorise le développement d'une culture occidentale et investit dans l'opéra, le ballet et la musique classique.
L’armée devient au centre de la nation par l’instauration du service militaire obligatoire. A ce titre l’armée doit être profondément laïque selon Atatürk.
La religion devient mal vu par le pouvoir kémaliste qui aimerait une république entièrement laïque à l’image de la France. La religion doit se limiter à la sphère strictement privée. Après l'abolition du califat, il fait venir en Turquie un collège de juristes occidentaux. Il adopte sur leurs conseils le code commercial allemand, le code pénal italien, et le code civil suisse, avec certaines modifications ou adaptations. La polygamie est interdite et les hommes et les femmes deviennent égaux en droits ce qui est une réelle rupture dans un ex-empire musulman Sunnite.
Mustafa Kemal ayant combattu sur le front Syrien lors de la première guerre mondiale, voit les disparités ethniques de sa nation comme une faiblesse que pourraient exploiter les Occidentaux notamment les Britanniques comme l’a fait Lawrence d’Arabie sur le front Syrien. Cette peur de la division va rester ancré dans la population turque jusqu’à aujourd’hui.
Mustafa Kemal meurt en 1938 d’une cirrhose.
La fin d’Atatürk marque le retour progressif de la religion (musulmane principalement) dans l’espace politique.
Par la suite, les USA accordèrent leur soutient à la Turquie, en appuyant notamment l’armée turque, pour faire de la Turquie un rempart contre le communisme de l’URSS.

Mais le retour à une nation musulmane inquiète les occidentaux. La progression des religieux dans la politique Turque est freinée 4 fois par l’armée Turque qui se considère comme garante des valeurs Kémaliste et républicaine. Ces « putsch » militaires sont paradoxalement vus d’un bon œil par les occidentaux car ils voient l’armée turque au pouvoir comme un retour à la paix et à la stabilité anticommuniste. L’armée prendra 3 fois le pouvoir en 20 ans sous prétexte de « troubles » au sein de la nation.
7 premières minutes de la vidéo : Coup d'état en Turquie et explications
Mais l’islam est le principal levier de la population Turque et, en 1994, émerge un nouveau visage dans la sphère politique Turque. Recep Tayyip Erdogan est élu maire d’Istanbul. En 2001 il fonde l’AKP qui devient la première force politique turque en 2002. Il est élu premier ministre en 2003. Puis président en 2014. Il se voit comme un « successeur » d’Atatürk mais est relativement différent de lui.
.jpg)
Recep Tayyip Erdogan
Président de la république de Turquie
En effet, si Erdogan est un républicain, il est également musulman. Il se voit comme le fondateur de la République Islamiste qui viendrait rompre avec l’occidentale République de culture Chrétienne. Il réussit donc à allier les valeurs d’Atatürk si appréciées par les citoyens tout en incorporant les racines musulmanes de l’Empire Ottoman. Et ce n’est pas pour rien car il voudrait imposer son modèle de République Islamique Sunnite partout dans le monde Musulman qu’il considère comme son ancien Empire.
Or les Occidentaux et notamment les USA, percevaient au départ l’islam comme un bouclier face au communisme, par essence antireligieux. Mais par la suite, l' Islam est devenue « une menace » pour les américains, qui demeurent très Protestants.
Le 15 juillet 2016, l’armée organise un nouveau Putsch, contre Erdogan, car elle le considère comme une menace à la République Turque. Mais Recep Tayyip, très aimé, fait appel au peuple via les réseaux sociaux. Rapidement, la population civile Turque descend dans la rue et n’hésite pas à barrer de leurs corps l’avancée des chars vers le palais présidentiel. L’armée est molestée par endroits, à d'autres simplement bloquée et renvoyée dans leurs bases. Le Putsch échoue et Erdogan se sent tout puissant. Cela lui permet de prendre possession des « pleins pouvoirs ». Il organisera par la suite une « épuration » de son armée qu’il considère à la botte des américains et beaucoup trop zélée. Cela aura également pour effet de profondément affaiblir l’armée nationale.
On comprend maintenant une chose fondamentale dans la géopolitique Turque : La division nationale de la Turquie.
Cette division s’opère donc sur trois plans :
​​
-
La volonté de gommer le patchwork ethnique de cet Etat à travers son histoire
-
La contradiction politique d’une République Autoritaire
-
Et la fracture civile entre laïcité récente et religion traditionnelle.
Les grandes puissances étrangères tentent d’exploiter ces faiblesses mais elles se heurtent souvent à un fort nationalisme Turc, le principal héritage de Mustafa Kemal Atatürk.
Pour ce qui est de sa politique extérieure, la Turquie a toujours voulu être un membre de l’Union Européenne mais l’Europe bloque sa candidature en raison de son refus de reconnaître le génocide Arménien. De plus il n’y a aucun pays à majorité Musulmane dans l’Union Européenne à l’heure actuelle ce qui ne joue pas en faveur de la Turquie.
La Turquie, depuis l’arrivée de Daech en Syrie, se sert de sa position stratégique dans le conflit pour faire pression sur l’UE. Elle menace notamment régulièrement de laisser passer des quantités considérables de migrants (principalement Syrien) en Europe. Elle complique également la capture des derniers Djihadistes en leurs offrant (sporadiquement) un refuge en Turquie. Elle a également laissé les Européens partir faire le Djihad en Syrie via son territoire tout au long du conflit.
Le problème Kurde :
Comme nous l’avons vu précédemment, la République de Turquie a toujours tenté de gommer les différences ethniques de son état. Les Kurdes, tout comme les Arméniens, n’ont eu d’autres choix que de se fondre dans la nationalité Turque qui nie leurs identité Kurde. Mais ils ont toujours été considérés comme inférieurs par l’état Turc Kémaliste essentiellement. Ils ont subi discriminations, brimades, répressions, et massacres. Plusieurs révoltes ont été lourdement réprimées entre les années 1920 et 1930 dans le Sud-Est du pays, territoire que le traité de Sèvre prévoyait comme état Kurde indépendant. La répression organisée par Atatürk contre les Kurdes a éliminé méthodiquement la grande majorité des élites Kurdes qui avaient une expérience de la politique.
Jusqu’en 1950 il n’y a plus de revendication. Mais comme l’armée se comporte comme une force d’occupation dans le Sud-Est du pays, petit à petit les revendications Kurdes en Turquie refont surfaces en s’appuyant sur les parties Kurdes d’Irak et d’Iran.
En 1978 Abdullah Octalan fonde le PKK, parti des travailleurs Kurdes, qui considère le Kurdistan Turc comme une colonie, prône la guerre d’indépendance nationale mais se contente, au début, de soutenir légalement des opposants politiques. Puis rapidement commence des combats armés entre mouvements Kurdes que certains spécialistes qualifient de « conquête du monopole des revendications Kurdes » dans l’Est du pays.
En septembre 1980, l’armée réussit un coup d’état et prend le pouvoir. Commence alors une répression que les Kurdes n’avaient pas imaginée. Seul le PKK, plus organisé, arrivera à survivre en se réfugiant au nord de la Syrie. Les prisons Turques vont ensuite se remplir de tout type de militants Kurdes, y compris ceux du PKK, or à cette époque les militants d’une même cause partagent la même cellule collective. Le PKK étant désormais le seul parti Kurde, les militants arrêtés des autres partis vont rapidement se rallier au PKK. Les prisons Turques deviennent le principal lieu de recrutement. Ainsi en 1984 intervient le lancement de la lutte armée via les HRK (Unités de Libération du Kurdistan) du PKK.
Mais en pleine période de guerre froide la situation du PKK (tendance Marxiste) n’est pas appuyée par les Etats-Unis et la Coalition. La Turquie choisie la Coalition en étant le premier pays musulman à reconnaître Israël (en 1948), le PKK marxiste et ses volontés d’un Kurdistan libre qui pourrait potentiellement se rallier à l’URSS inquiète. Par la suite, la capture d’Octalan, et l’inscription du PKK sur la liste des organisations terroristes deviendront un différent diplomatique pour la Turquie, l’Europe, l’Amérique et l’URSS (puis la Russie). Actuellement emprisonné sur une île Turque, Octalan précise que son arrestation (illégale) dans l’ambassade Grecque au Kenya le 15 février 1999 a été réalisé par des forces spéciales du MOSSAD et/ou de la CIA (mais sans confirmation avérée)…
En effet, les conflits successifs pour l’or noir dans la région ont, plus que la guerre froide idéologique, fait de toute problématique régionale un intérêt mondial prioritaire.
Actuellement la Turquie fait donc face à deux problématiques majeures pour la région et au-delà :
​
-
Le contrôle de la migration de population sur laquelle elle joue afin d’être admise au sein de l’Europe. Mais cette dernière s’y oppose est ne semble pas intimidée par cette menace. Au contraire, l’Europe trouve que c’est une bonne raison pour ne pas faire entrer la Turquie dans l'Union.
-
La création d’un Kurdistan plus ou moins autonome en Syrie à la frontière turque qui servirait de base arrière pour les milices kurdes de Turquie comme le PKK. Cela favoriserait les tensions ethniques en Turquie, ce que Erdogan veut à tout prix éviter.
En conclusion, la Turquie est certainement l’un des pays les plus divisés au monde. Cela la rend à la fois manipulable et imprévisible. Trump dirait qu’être imprévisible est une qualité, en bourse peut-être, mais pour ce qui est de la diplomatie c’est souvent synonyme d’isolement géopolitique. Or la clef de la réussite demeure de faire de bonnes alliances. Mais à vouloir jouer sur tous les tableaux, la Turquie risque de perdre ses partenaires au profit des pays plus au Sud. Ceux-là en ont grand besoin pour leur reconstruction (Voir dossier Syrie et Irak). Espérons, qu’a l’image de ses Derviches tourneurs, la Turquie saura où donner de la tête.